19/05/2014

printemps


Les jours de printemps reviennent… à Toronto.
Printemps pour dire :
La ville le lieu la rue la maison la pièce mauve où j’écris ces lignes
Le campus
Le café Aroma Espresso
Printemps pour dire la profondeur la couleur la mélodie le degré de douceur la fleur l’arbre l’oiseau
Printemps déplié pour dire la joie de revenir ici
Rêveuse aérienne
Pour dire l’émotion à écrire ou à rien
Dire l’absence d’abri, la présence de souvenirs, le vent palpable sur le visage quand tu montes les escaliers vers Casa Loma
Le souffle dans la gorge quand tu presses le pas pour arriver à l’heure à l’opéra
University Avenue te semble un grand boulevard..

De rue en rue
De Queen’s Park aux jardins de Spadina Museum
Ou d’un aéroport à l’autre
Winnipeg et l’hiver de pierre paraît loin bien loin, hostile, immobile
Tu touches du bout de l’âme le printemps
le mystère s’agrandit
Tu t’efforces de remplir la page de choses que jamais tu n’as effleurées
Vie frêle dénuée 
quand des miettes de parole s’étendent sous ta main

Les mots s’entrouvrent.

Bloor Street West, Toronto


12/05/2014

pleine lune


Quand je la regarde comme ça la pleine lune, de cette rue labyrinthe dans la quartier The Exchange, que je viens de retrouver comme on retrouve un amour clandestin par-dessus les taches de feu des bougies, les moteurs des camions et le bruit du train de marchandise qui se disputent derrière les tours de condos, j’oublie la ville de Winnipeg, j’oublie le Canada, je n’ai plus d’âge, plus de nom. J’imagine que c’est peut-être mon seul lien au monde cette lune immense, car c’est elle qui m’aura donné le goût de rêvasser, de regarder attentivement, d’écouter, le goût des détails et des choses fugitives, des bruits, des couleurs, des façades, le goût d’écrire et de me souvenir, le goût de témoigner. Pour le moment, c’est ce que je me dis, même si ce n’est pas tout à fait vrai et je le sais.


winnipeg, the exchange



03/05/2014

errances


Zones sombres, matière neutre, échos de voix anciennes, d’éclats disparus, y aurait-il des fantômes errants dans les interstices des murs à demi écroulés de Winnipeg, derrières les façades éventrées du downtown en voie de rénovation, quelque chose qui perdurerait du lieu détruit et des gens qui l’habitaient. Pourraient-ils encore nous hanter ? … Des êtres flottants venus d’on ne sait où et qui chercheraient refuge dans Winnipeg. Ils vont et viennent dans l’indifférence générale, dans le froid qui perdure encore au début mai, jusqu’à ce qu’ils soient saisis d’un ennui mortel, alors ils s’en vont plus loin, dans la campagne des Prairies, ou ils s’enfoncent dans les murs. Subsistent-ils encore aujourd’hui dans le nouveau Winnipeg ?