Quand je
la regarde comme ça la pleine lune, de cette rue labyrinthe dans la quartier The Exchange, que je viens de retrouver
comme on retrouve un amour clandestin par-dessus les taches de feu des bougies,
les moteurs des camions et le bruit du train de marchandise qui se disputent
derrière les tours de condos, j’oublie la ville de Winnipeg, j’oublie le Canada,
je n’ai plus d’âge, plus de nom. J’imagine que c’est peut-être mon seul lien au
monde cette lune immense, car c’est elle qui m’aura donné le goût de rêvasser,
de regarder attentivement, d’écouter, le goût des détails et des choses
fugitives, des bruits, des couleurs, des façades, le goût d’écrire et de me
souvenir, le goût de témoigner. Pour le moment, c’est ce que je me dis, même si
ce n’est pas tout à fait vrai et je le sais.
winnipeg, the exchange
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