29/06/2011

du cinéma

Je serais restée encore assise dans la salle de cinéma à imaginer la suite de L’Autobiographie de Nicolae Ceausescu, le documentaire d’Andrei Ujica, si je n’avais su qu’à cette histoire, il y a eu une fin abrupte : Nicolae et Elena Ceausescu ont été fusillés en décembre 1989 et le pays enfin sorti du communisme se faisait alors de grands espoirs de démocratie. Vingt-deux ans depuis la chute de ce régime, et donc plus de deux décennies de bricolage d’idées sur les sens de la démocratie, comme si la vie, la vraie, était censée commencer en ’89 avec cette liberté convoitée. Le film d’Ujica est là pour montrer qu’il y a eu bien une vie « avant », une origine, de l’opulence, bien que sélective, juste pour les membres du parti communiste, et une réalité des plus surprenantes : la soumission aveugle du peuple qui se pliait à un discours idéologique creux, des mots sans contenu dont le message passait ainsi : « travaillez travaillez » pour oublier que vous avez une vie à vivre. Cocasse manège.  

Si pendant 24 ans à la tête du pays, on dit que Ceausescu avait aimé nourrir son narcissisme en se laissant filmer au moins une heure par jour, le documentaire d’Ujica offre trois heures d’images troublantes, autant de scènes drôles et terrifiantes d'une existence paradoxale, prise entre désir de grandeur et pauvreté d'esprit. Comment devient-on dictateur ? Y a-t-il un art d’être Ceausescu ?...
Un film qui vaut la peine si on se pose ces questions. 


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