Les images, voilà à quoi je veux en venir
après ces jours de silence. Nous sommes toutes des personnes très occupées, car
les images ne nous quittent jamais. Certains arrivent parfois à tout éteindre
dans leur tête. Pas moi. Les images s’empilent dans mon cerveau à côté des
nombreux couloirs que je dois emprunter pour me sortir de là. J’ouvre une
porte, je marche dans le couloir et me voici dehors, devant la vitrine de la
Baie, à regarder un mannequin en tenue festive. Il m’arrive
quelquefois d’entrer dans le magasin, de payer une robe en laine beige :
je la porterai peut-être comme preuve de ce jour-là. Mais les images avec
lesquelles je suis partie ne m’ont pas encore quittée. Il y a surtout cette
image des enfants qui jouaient dans la neige avec un traineau samedi matin ; la première neige à Winnipeg. Je sais bien que les images de leurs visages sont placées dans mon cerveau par-dessus quelque chose de
plus fou. Et à la fin, je me retrouve avec un sentiment léger de flottement, une sorte d'angoisse, d'incertitude.
Élise Turcotte qui en 1991 écrit Le Bruit des choses vivantes doit en
savoir long sur la joie de retrouver les images les plus surprenantes du quotidien. Son
attention délicate au monde, à ce qui nous entoure, me rappelle que le
bonheur peut se déplier à chaque instant.
Winnipeg, novembre 2012
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