18/04/2011

des dieux et des hommes

La salle de cinéma presque vide semblait s’être figée à la fin du film de Xavier Beauvois, Des dieux et des hommes (Prix du jury du Festival de Cannes 2010), les quelques spectateurs étant restés assis, absorbés par les noms qui se déroulaient sur l’écran et la musique du générique. Cela n’arrive pas toujours au cinéma à Toronto où d’habitude, dès la fin du film, le public se presse vers la sortie. Des dieux et des hommes apparaît ainsi comme un film particulier autant par le sujet que par sa bonne réalisation. Il s’agit du parcours des moines de Tibéhirine en Algérie pendant les mois qui ont précédé leur assassinat en 1996, depuis le moment où ils sont devenus la cible des extrémistes islamistes du GIA, jusqu’à celui où ils ont été enlevés, avant de disparaître dans des circonstances qui restent aujourd’hui encore inconnues. Le film captive par une certaine lenteur, par la sérénité de la communauté des sept moines au cœur même de la violence qui menace le village. La crainte des terroristes est omniprésente, ils peuvent apparaître et tuer à tout moment. Dans ce monde fragile et chaotique, le monastère des ermites est un havre de protection pour les villageois : frère Luc soigne des malades indifféremment de leur foi, frère Christian négocie avec l’armée qui est censée offrir du secours, les moines et les gens du villages partagent le désir de vivre et la peur de la mort. Ils s’appuient les uns sur les autres et font confiance à la terre qui les accueille et à une présence divine.

Le film est porteur par de petits éclats qu’il lance sur des questions essentielles : qu’est-ce qu’une communauté ? Comment rester fidèle à soi, à ses principes, sans se trahir ni trahir l’autre ? Ou bien, comment vivre en Dieu et être présent à la vie sur terre ? Aider sans se sacrifier, par quel moyen ?

La scène où les sept moines sont assis autour d’une table modeste à écouter un morceau du Lac des Cygnes et à partager un verre de vin, reste inoubliable par la force du regard de chacun des hommes dont les yeux songeurs ou tristes ou trempés de larmes disent le tiraillement d’être ici et là, sur terre et ailleurs… Quand la caméra s’attarde sur le regard et y reste un instant, c’est comme si on voyait que l’humain porte quelque chose de sacré et que le sacré est tellement humain..



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