17/04/2011

toronto art expo

Quand il faut mettre du cachemire le 17 avril, c’est que le printemps tarde encore de venir. Pluie, froid, ciel couvert, ce sont peut-être les raisons pour lesquelles il y avait si peu de monde à Toronto Art Expo 2011. Ou serait-ce le manque d’intérêt, le signe que d’autres choses sont plus ardentes – disons les élections ou la fin de la session universitaire ? Heureusement, il y avait les couleurs brillantes de certains tableaux qui semblaient émaner un peu de chaleur au premier étage de l’immense Metro Toronto Convention Centre, où l’événement se déroule jusqu’à ce soir. A penser que la foire de l’art se passe une fois par an, le manque d’intérêt du public doit porter un coup de découragement aux artistes présents, qui pendant trois jours ont choisi d’être là à montrer et parler de leur art. Plus d'une fois, on m’a posé cette même question en anglais ou en français : « qu’est-ce que vous en pensez ? »,  avec une certaine curiosité et envie d’un avis bienveillant ou critique ; la bonne surprise de constater qu’il y avait aussi des artistes du Québec ou de l’Acadie.

En me promenant parmi les étalages, je fus surprise par la récurrence d’un thème presque omniprésent chez ces artistes canadiens : des paysages, surtout des parcs et des jardins, et des fleurs dans des couleurs stridentes. Les œuvres abstraites, avant-gardistes, conceptuelles ou minimalistes, étaient inexistantes, à part quelques représentations d’après des photographies de Michael Jackson ou de voitures de luxe en grand format, ce qui créait un drôle d’écart, une sorte de rupture avec le reste de l’exposition. A l’opposé, il y avait la Galerie Roccia qui se voulait imposante, et qui dans la vitrine, mêlait peinture et sculpture. Les tableaux se voulaient des clins d’œil à la Renaissance italienne, même si les silhouettes féminines portaient peu de la grâce de celles d’un Botticelli ou Raphael ; les sculptures abordaient des sujets de la mythologie grecque, en plus petit : un Atlas, un Zeus, et travaillaient le bronze ou le cuivre. C’est vrai que l’étalage de cette galerie semblait le plus attrayant, le seul endroit où on voyait du mouvement et quelques personnes assises à bavarder avec des artistes ou des mécènes.

Je pense à Walter Benjamin qui en 1931 dans son texte « L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique » définissait l’aura comme « l’unique apparition d’un lointain, quelle que soit sa proximité », et ici même, dans cette expo, je me demande s’il est possible de toucher une onde de lointain, une bribe d’histoire, une profondeur. Où voir l’aura que ces toiles entendent transmettre ?  Ce n’est peut-être pas le bon moment. 

Et qu’en dirait Daniel Sibony qui en 2005 fait publier un bel ouvrage Création. Essai sur l’art contemporain, où il parle de différentes expos aux Etats-Unis et en Europe ? Comment trouverait-il cette foire ? Et que dire à Catherine Grenier qui par son livre La revanche des émotions (2008), m’avait presque convaincue que l’affect traduit une certaine rencontre de l’artiste et du spectateur. Pas de cela  pour moi ici. 

Reste qu'il n’y a pas de généralité établie, et c’est bon de constater que chaque situation est unique, singulière. De fait, je prends cette art expo comme une occasion de remettre en question des idées sur l'art que je croyais avoir saisi ; et comme une promenade, une pause, une promesse. 
Gare au déjà-su cru vu.. 


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