11/04/2011

A. Makine est G. Osmonde

Le mystérieux romancier caché depuis dix ans derrière le pseudonyme Gabriel Osmonde révèle à la fin mars sa véritable identité en répondant à une invitation du journal Le FigaroLe quatrième ouvrage de Gabriel Osmonde, Alternaissance, vient de paraître aux éditions Pygmalion. C’est la raison pour Le Figaro de demander à rencontrer cet auteur demeuré discret et de lever le voile sur son identité. Le quotidien révèle dans son édition du mercredi 30 mars 2011 que c’est bien le romancier d’origine russe Andreï Makine qui se cache depuis dix ans derrière ce pseudonyme. Primé deux fois en 1995 pour Le Testament français (Seuil) avec le Médicis et le Goncourt, Andreï Makine a publié début janvier au Seuil Le livre des brèves amours éternelles.



Déconcertant, l’auteur explique au Figaro : « Makine n’est pas mon vrai nom (…) Osmonde est plus profondément ancré en moi que Makine, ajoutant qu’Alternaissance est sans doute mon roman le plus autobiographique ».
Alors pourquoi refuser de révéler son identité ? « Rester dans la posture d’un nanti de la littérature ne m’intéressait pas. J’ai voulu créer quelqu’un qui vive à l’écart du brouhaha du monde (pour) continuer à cheminer librement. Osmonde m’a permis d’aller plus loin, d’élargir le champ des questions, jusqu’à l’ineffable ».
La vie littéraire de Gabriel Osmonde débute en 2001 chez Albin Michel avec Le voyage d’une femme qui n’avait plus peur de vieillir. Viennent ensuite Les 20 000 femmes de la vie d’un homme (Albin Michel en 2004), L’œuvre de l’amour chez Pygmalion en 2006 ; et enfin Alternaissance, toujours chez Pygmalion, le 2 mars dernier.

Qui ne verrait en Makine quelque chose du mystérieux Romain Gary ?
Makine – Osmonde (os, osmose, monde). Gary – Ajar, des feux qui brûlent.
Un Gary, par son pseudo Émile Ajar, tenta de se donner une nouvelle vie, une autre et une autre encore, car, disait-il : « chaque fois que tu aimes, c’est une nouvelle vie qui commence, […]. C’est tellement vrai que mon je ne me suffit pas, c’est ce qui fait de moi un romancier, j’écris des romans pour aller chez les autres. Si mon je m’est souvent insupportable, ce n’est pas à cause de mes limitations et infirmités personnelles, mais à cause du je humain en general. On est toujours piégé dans un je » (La nuit sera calme, 156).

Pséudonyme rime avec quête de nouvelle vie, envie de liberté, et ces auteurs apparaissent alors comme des joueurs qui en prennent le risque : ils jouent et déjouent les convenaces de la scène littéraire en nous conviant à penser encore ce que peut la littérature...

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