Du surréalisme, je
retiens des textes, des tableaux, des noms d’auteurs, je pense rarement aux
activités collectives du groupe surréaliste. En feuilletant le beau livre de
Georges Sebbag, L’amour-folie. Suzanne. Nadja, Lise, Simone (2004), je tombe sur « le jeu des définitions »
qu’André Breton a dû jouer avec Suzanne Muzard autour du 20 mars 1928, dont
voici quelques répliques :
S.M. et A.B.
B. Qu’est-ce que la
liberté ?
S. Une multitude de
points multicolores dans les paupières.
S. Qu’est-ce que l’exaltation ?
B. C’est une tache
d’huile dans un ruisseau ?
S. Qu’est-ce que
les yeux ?
B. Le veilleur de
nuit dans une usine de parfums.
B. Qu’est-ce que le
baiser ?
S. Une divagation,
tout chavire.
B. Qu'est-ce que la femme ?
S. Une étoile dans l'eau.
S. Qu’est-ce que le
jour ?
B. Une femme qui se
baigne nue à la tombée de la nuit.
B. Qu’est-ce qui
plane au-dessus de S. et de moi ?
S. De grands nuages
noirs et menaçants.
B. Qu’est-ce qu’un
lit ?
S. Un éventail vite
déplié. Le bruit d’une aile d’oiseau.
B. Qu’est-ce que le
suicide ?
S. Plusieurs
sonneries assourdissantes.
B. Qu’est-ce que l’absence ?
S. Une eau calme,
limpide, un miroir mouvant.
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