Non, le temps ne
chavire pas, les saisons continuent à tourner en rond : une nouvelle année
chinoise commence, celle du dragon, signe du courage et de la sagesse. Mais
elle commence mal. À l’université à Winnipeg, on me fait remarquer que les théâtres
ont perdu assez de public depuis que l’équipe de hockey est revenue en
ville. Je trouvai la nouvelle triste, mais personne ne dit rien : pour
la plupart des collègues, cela semblait vain, ou du moins, ils en donnaient
l’impression.
Je commençai à
aller au cinéma, par compensation. Dans le détail, la richesse de certains films
m’éblouit, comme le récent The Iron Lady
dont les images d’une Margaret Thatcher vieillissante et en déclin me donnent
encore des sursauts. Oui, il serait tentant de m’abolir au profit du faire rien, d'une léthargie dans la
perspective de la fin de l’histoire, avec le détachement que donne aussi
l’évidence de la mort : alors comment il semblerait dérisoire cet infime
geste d’aller au cinéma ? Pourquoi me soucier de ce qui m’entoure, de ce
qui m’arrive, juste ici, maintenant ? Mais le moindre mouvement de mon
cœur dément ces scénarios mortifères : l’espoir, l’attente, la colère, l’angoisse
affirment la vie contre toute déstabilisation. Et la fuite dans la désespérance
n’est en fait qu’un épisode de mon aventure personnelle.
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