17/12/2010

maharaja : la splendeur de l'Inde

Je ne faisais par vraiment la différence entre maharaja (great king en hindou) et raja (prince) avant de visiter la grandiose exposition Maharaja : The Splendour of India’s Royal Courts, qui est ouverte à Art Gallery of Ontario jusqu’au 3 avril prochain. Désormais, il m’est clair que le régime britannique qui occupa deux tiers de l’Inde (le territoire de l’Inde d’aujourd’hui, du Pakistan et Bangladesh) entre 1856 et 1947, éleva au rang de maharajas, un certain nombre de princes des plus des 600 états princiers qui existaient dans cette région au XVIIIe siècle.


Maharaja : The Spendour of India's Royal Courts

L’exposition est extra-ordinaire (littéralement) pour deux raisons : d’abord, par la dimension des objets exposés qui occupent cinq salles immenses du musée : des éléphants en métal et lacets, des tableaux sur un mur entier, un chariot royal tout en argent ou la Rolls-Royce Phantom des années trente faite sous commande pour sa majesté Thakore Sahib Dharmendrasinhji Lakhajiraj de Rajkot ; et ensuite, par la richesse des bijoux en diamants, jade, or et argent, bijoux qui dans les années vingt étaient commandés chez Cartier en France. Puis, le glamour des vêtements d’hommes et de femmes nous retient le regard. La mode masculine et féminine est en évolution ; petit à petit, elle perd ses décorations orientales pour se parer de l'élégance sobre de l'Occident. Et il est surprenant de voir les saris se moderniser, se simplifier si vite, en une dizaine d’année seulement au début du vingtième siècle.

Procession du Maharaja à Delhi en 1920

Les deux premières salles du musée consacrées à la vie royale au XVIIIe et début du XIXe avant l’arrivée des Britanniques, sont attirantes par les tableaux qui représentent des processions publiques des seigneurs, par les projections vidéos de célébrations où les voix de la foule semblent marquer la joie du moment, les éléphants sont des présences vivantes ; s'ajoutent les couleurs stridentes des vêtements des rois et des participants, les décorations des lieux, tout est fait pour rendre l’ambiance de fête et la singularité de l’événement.

Les dernières salles, tout aussi grandioses, sont consacrées à l’Inde moderne – the Crown of Britain – celle qui se transforme rapidement, se modernise sous le régime britannique. On observe qu’avec la colonisation s’ouvre la possibilité de voyager à Londres et en Europe, la mode masculine intègre le smoking, les femmes portent des soieries simples et légèrement brodées. Les quelques photographies de femmes de Man Ray et Cecil Beaton prises dans les années vingt sont splendides. Elles montrent la touche britannique sur des visages et corps orientaux. La pose, la coiffure et le maquillage des modèles disent l'Occident en Orient. Par-delà la fixation de l’image, dans le mélange porteur d'oriental et d'occidental, la beauté a l’air vivante ; elle est universelle. 


Plus loin, des représentations des pièces royales, des chambres à coucher, des salles de bain, des meubles modernes portent l’empreinte du luxe. L’opulence habite les êtres, les objets et les lieux.

La Rolls-Royce Phantom

À la sortie de l’exposition, la Rolls-Royce Phantom attire les regards et remplit l’espace d’une lumière orange, chaleureuse. Les visiteurs l’entourent tel un bijou. Être là dans le silence suspendu du musée, je ne pus m’empêcher de penser à la grandeur d’un passé qui nous oblige à mettre en perspective notre présent. Et j’aime croire que voir et revoir le mode de vie d’hier nous aide à mieux apprécier ou critiquer le monde où nous vivons aujourd’hui. C’est peut-être là que se joue quelque chose de l’intention des dirigeants de AGO de faire découvrir pour la première fois au Canada, l’héritage d’une communauté ethnique qu’on ne connaît pas toujours (voir l’article de Globe and Mail). 

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