Blanchot, dans son
essai sur le « roman à thèse », explique qu’il est absurde de
reprocher à une œuvre de signifier quelque chose ; mais il y a une grande
différence, ajoute-t-il, entre signifier et démontrer. L’existence est toujours
signifiante encore qu’elle ne prouve jamais rien. Le but de l’écrivain, c’est
de donner à voir, en la recréant avec
des mots : il la trahit, il l’appauvrit ou l’enrichit ; il restitue ce
qu’on croyait indicible ou évident, banal ou extra-ordinaire, et à quoi on s’identifie
souvent.
J’avais terminé L’Éclaircie de Philippe Sollers, et dès
le début, ce roman était pour moi une métaphore de la vie illustrée à travers
la peinture ; par l’amour de la peinture. Sollers écrit : « C’est
en s’embrassant passionnément et longtemps qu’on sait si on est d’accord. Le long
et profond baiser, voilà la peinture, voilà l’infilmable ». Et de nous entraîner
dans un voyage avec Manet, il ajoute : « Libre à vous d’avancer plus
loin, comme Manet s’est permis de le faire avec Titien et Picasso avec
Vélazquez… ». Blanchot aurait du mal à ranger L’Éclaircie parmi les romans à thèse ; par-delà un but défini,
son message semble être : allez plus
loin.
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