La conférence de la
journaliste canadienne Kathy Gannon sur les femmes au Pakistan et en Afganistan
pour United Nations Women Canada a
été nulle. Voix plate, histoires de violence sociale et conjugale sans mise en
contexte, descriptions simplistes d’abus sans réfléchir aux valeurs
religieuses, ethniques, familiales etc, notre journaliste polissait son image
de femme blanche occidentale qui risque sa vie dans « une zone à
risque », mais dont le discours ne s’enflamme pas, bute, s'enlise, ne transmet presque
rien de ses combats. Ce qui me semblait caricatural c’est que le public avait
l’air séduit par cette parole monotone et fatiguée de complaisance. J’ai tourné à gauche, à
droite, en espérant croiser un regard vif, peut-être contrarié ou en colère devant cet
enlisement. Mais non. Personne. Aucun mouvement dans la salle, aucune angoisse. Rien d’étrange pour eux, tout allait bien. Alors, pour me distraire et ne pas céder trop vite à l'impatience de me sauver de là, je me suis mise à inventer un ton et une manière de
dire la frustration. Comment leurrer une salle remplie de femmes et d’hommes
assez respectables et prétendre qu’on soit la porte-parole d’une cause
humanitaire ? Jusqu’où ? Que se passe-t-il entre un conférencier et
le public quand il n’y a pas de souffle, d’idées ou de critique ? Où est l’insupportable ?
Que peut endurer un public de Winnipeg ? Beaucoup ce soir. J’ai eu beau
appeler au secours Marguerite Duras dont j’avais lu des pages un peu avant la conférence, et qui m'avait émue par sa ferveur... J'étais loin de Marguerite qui sait renvoyer le spectateur à ses propres
limites et cherche à le troubler, à le questionner. Marguerite n’allait pas me sauver ce soir, non. Je devais m’expliquer avec moi-même, me révolter seule dans la foule, trouver une façon créative de faire quelque chose de
cette pseudo-soirée de partage.
Depuis le temps que
je patiente à Winnipeg. Huit mois. Quand viendra-t-elle cette fameuse
effervescence culturelle dont j’entends parler ? Bientôt, annoncerait Marguerite
Duras, diseuse d’espoir.
Mais qui est-elle, Duras ? se demande-t-on.
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