Je n’aurais pas
pensé à « notre ère comme celle de l’information et de la
communication » si je n’avais pas passé au moins quatre heures les deux
dernières semaines à écouter les quatre candidats au poste de doyen de la
Faculté des Arts dans une université canadienne. Chacun des deux
hommes et deux femmes qui se sont présentés, a insisté sur l’importance de la communication à
différents niveaux (entre administrateurs, professeurs, étudiants, communauté
etc), mais jamais le mot transmission n’a
été prononcé. Pourquoi ? C’est comme si en valorisant les échanges et
l’acquisition du savoir, notre époque semble avoir perdu en chemin la question
des contenus, du sens. Chose paradoxale puisque d’autre part, il est assez
facile d’observer aujourd’hui un désir intense de conserver un passé par des
projets de restauration des œuvres d’art, par exemple ; ou de rappeler un
patrimoine lors des conférences qui tentent de faire connaître « aux jeunes »
l’histoire d’une ville, d'une ethnie etc. Pourtant ces
initiatives diverses d’arracher à l’oubli des créations de l’homme et de l'histoire, ne semblent
pas tenir si on ne parvient pas à transmettre aussi « le sens » de ce
passé dans un contexte. Toujours en écoutant ces conférences, je suis arrivée à me dire que
l’engouement pour l’acquisition de l’information ne cesse de mettre en crise la
transmission des idées, la naissance des pensées sans lesquelles la conservation matérielle et « le savoir » théorique seraient vains. Pourtant, comment mesurer si une transmission « se
fait » ? Ou encore, par où reconnaître qu’elle continue de
s’enchaîner, de passer d’une génération à l’autre ? C’est peut-être une
sorte de pari que l’on fait sachant que c’est à quelqu’un d’autre de le tenir.
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