De tous les mots de cinq lettres qui
expriment de l’affect : amour, aimer, cœur, bonté, pitié etc, merci semble le plus employé. On dit
merci pour un oui, et même pour un non : non, merci. On exprime sa gratitude à propos de tout et de rien. Cette
évidence m’est apparue stridente l’autre jour où sur un couloir, deux personnes
s’échangeaient : merci
pour tout ! – Ce n’était rien, merci !
Il y a des modérés : je veux simplement vous dire merci ;
des généreux : merci mille fois !
et encore plus généreux : merci,
mille fois merci ! Véritable théâtre des remerciements.
La reconnaissance peut être modeste :
un petit merci ou ample : un grand merci.
Mais qui n’observe la surenchère ?
Comme si un simple merci ne suffisait
pas. Il faut lui donner du volume, le mettre en évidence, l’accompagner d’un
autre mot qui donne le sentiment qu’on flatte l’autre, qu’on reconnaît son acte, son geste, sa pensée etc. C’est peut-être pour faire revivre une dynamique où l’un se
sent vraiment endetté et l’autre reconnu qu’on dit : merci bien, merci beaucoup, merci merci… Le merci beaucoup est devenu si banal qu’il va falloir trouver un
regard ou un sourire qui lui donne l’air sincère. Quant à l’écrire, on le perçoit souvent comme une formule. Et pourtant, cela fait du bien d’entendre,
de lire, d'écrire un merci par ci, un merci par
là. Dieu merci, il y en aura.
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