19/09/2012

take this waltz


Je connaissais la chanson de Leonard Cohen mais pas le film du même titre, le dernier réalisé par la Canadienne Sarah Polley. 

Pourquoi faut-il que nous nous interrogions sans relâche ? Pourquoi le couple qu’on croyait tranquille s’avère finalement fragile ? Je serais restée encore là, dans la salle de cinéma, à me poser ces questions si le concierge n’avait pas commencé à passer le balai pour ramasser le popcorn tombé par terre. D’aussi loin que je me souviens, des textes, films, expositions nous rappellent que le monde est sans repos, que l’être et le monde sont infinis. Le cinéma, l’art, la philosophie, la psychanalyse font œuvre de discernement en direction de la question de l’être, du monde, du sujet, et dans ce sens, ils ont une  « vocation prophétique ». Me traverse alors l’idée que Take This Waltz recèle une vocation, qu'on pourrait imaginer prophétique, sur la rencontre, la jeunesse, l'amour..., l'expression venant de Derrida, qui entend par vocation l’espace de toute réponse possible. Le film donc, qui raconte l’histoire assez vraisemblable d’un couple marié à l’épreuve d’un autre non-marié, s’inscrirait à partir de ce lieu où toute réponse est possible parce qu’il met en lumière cette ouverture radicale sur l’autre. Une ouverture qui empêche le discours de se clore sur lui-même. ‘In life there is a hole… don’t waste your time trying to fill it up’, dit un des personnages comme si de rien n'était. Mais est-ce si innocent ? 

De tous les échanges du film, cette phrase m’est restée, et là non plus, ce n'est pas innocent, car je connais ma lutte avec le « trou » de l'existence que je tente de ne pas boucher. Sarah Polley, en écrivant son script, a-t-elle anticipé la détresse - le trou - qui fait l'humanité de l'homme ? Sans doute, à moins que la détresse ne soit pour elle qu’un état transitoire dont il ne faudrait pas s’affliger puisque la faille est inhérente à la vie. Quoiqu’il en soit, Take this waltz m'a plu. J’y ai senti quelque chose de « prophétique » : un fil de pensée et de sensibilité dans les personnages, dans l’histoire, quelque chose qui est là pour frayer un chemin de veille, non pour enseigner une leçon, mais pour risquer encore plus loin la question de la fragilité et de la force de l’amour. 

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