Le 29 septembre, à un lancement de livre sur
Winnipeg au Festival de la création Thin
Air, la salle était pleine et le public majoritairement blanc. Dans cette
ville où vit une population importante d’autochtones – le Manitoba fut fondé
par les Métis, par Louis Riel – il m’a paru assez étrange de constater qu’il n’y en avait
aucun. Pourtant, les autochtones sont nombreux à Winnipeg, pauvres et mal
habillés, je les vois errer dans les
rues du centre-ville, comme si quelque chose les liaient à ce quartier, à cette terre. Des
« dépossédés », avait dit Lise parlant d’eux, et le mot m’avait alors surprise, mais au fond, elle parlait comme quelqu’un qui connaît leur histoire
et la loi sur les Indiens de 1876. C'est à cette époque-là que le
gouvernement canadien a inventé les réserves et qu'on leur a pris des terres pour construire des villes.
C'est le cas de Winnipeg.
« Dépossédés ». Le mot m’est
revenu encore hier, lorsque je regardais une série télévisée intitulée 8e Feu, sur les autochtones
du Canada. Une grande partie du premier épisode parle de Winnipeg et je réalise que ces gens ont une histoire, un héritage que j’ignorais complètement.
À Toronto, c’est vrai, j’étais trop prise à me trouver une place parmi les
immigrants. Dans les rues, je croisais des Indiens de l’Inde, des Chinois, Japonais,
Européens…, déjà assez pour ne pas avoir l’occasion de diriger ma pensée vers
les autochtones. Reste qu’il y en avait quelques-uns au coin de Spadina et
Bloor, mais je les ai toujours crus égarés, en transit, insignifiants. Quand ils étaient là, devant Tim
Hortons, pendant des heures, avec des amulettes et des dreamcatchers à vendre, je marchais vite pour les dépasser, je les
trouvais bizarres, simplement, et ne prenais pas le temps de penser plus loin.
Aujourd’hui, c’est différent, car à Winnipeg, les autochtones sont présents, dans certains quartiers, ils sont majoritaires.
Je me dis qu’il y a peut-être quelque chose pour moi à découvrir, à écrire. La vie m’a poussée vers cet endroit, il faudrait bien que je lui
donne un sens. Pour le moment, je crois que je regarderai les autres épisodes de la série le 8e Feu, puis, on verra. Finalement, à Toronto, je n'avais pas vu grand-chose du véritable Canada.
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