Même avant d’entrer dans la salle
d’exposition de la Galerie 1C03 à l’Université de Winnipeg, j'entends un
murmure surprenant, comme s’il venait d’une petite rivière ou d’une forêt quand il pleut. Ou serait-ce le souffle d’une respiration humaine ? Écoutant
plus attentivement, je réalise que le son vient d’une radio ou d’un CD
peut-être, en tout cas, d’un enregistrement qu’on fait jouer dans la salle où
je suis en train d’entrer. Il s'agit d'une exposition sur les plantes - Plant (iPod) Installation : des pots de
plantes sans fleurs remplissent l’espace de la galerie - dont j'ai lu dans le journal de l’université. On disait que l’artiste,
Jane Tingley - originaire de Winnipeg, qui qui vit et travaille à Montréal
depuis la fin de ses études à l’Université Concordia en 2006 - tente de
représenter l’intégration des plantes au milieu urbain et leur compatibilité
(un peu étrange) avec les nouvelles technologies. Elle donne justement à voir une
plante iPod qui raconte des histoires (légendes, contes, mythes, lullabies)
sur la nature. Une voix se met à vous parler dès que vous vous approchez
du pot. On pourrait les appeler des plantes parlantes ; marchant parmi elles, je
n’ai pu m’empêcher d’imaginer une sorte de devenir-humain de ces plantes, et
naturellement, une immersion de l’homme dans la nature grâce à l'art ancestral de raconter
des histoires. Par ailleurs, l’espace de l'exposition lui-même maintient une certaine ambiguïté, un va-et-vient entre la nature et la galerie qui fait semblant de paysage naturel. Ainsi est-il que les fils
électriques sur le plancher peuvent représenter des racines sorties du sol ou peut-être une toile
d’araignée géante comme dans la forêt amazonienne. Tout semble être là pour que le visiteur se demande : suis-je dans la forêt
ou dans un musée ?
Sous un autre angle, l’installation dégage une réflexion sur des dichotomies connues, comme la nature vs. la culture, la nature
vs. la technologie, qui se retrouvent ici remises en question. C’est la preuve que l’art contemporain transgresse les frontières traditionnelles et secoue
nos perceptions établies pour nous permettre de croiser l’inédit, l’inattendu, même si cela s'avère peut-être dérangeant ou incongru. Selon moi, l’exposition
de Tingley soutient d'emblée que l’art de raconter des histoires et la
nature sont étroitement liés, que chaque élément qui nous entoure est
susceptible de nous « dire » quelque chose. Il nous faudrait juste nous approcher,
pencher le regard, prêter écoute pour qu’une histoire démarre… même jouée sur un iPod. Des gestes simples qu’on a tendance
d’oublier, et alors, c'est l'art qui a la grâce de nous les rappeler. Quand le message passe et qu'une émotion nous saisit, c’est presque l’émerveillement.
Plant
Installation - du bel
émerveillement par un jour de début d’hiver, quand l’ouragan Sandy, dit-on, s’approche
du sud de l’Ontario et jusqu’au Manitoba.
Plant Installation
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