Parfois il t’arrive de sauter un
jour, mais lorsque ça t’arrive, tu n’es pas bien. Quand ta vie n’est pas écrite, elle n’existe pas. Tu relis le
journal de mai dernier par exemple. Il manque quatre jours. Qu’as-tu fait ces
jours-là ? Panique. Tu regardes ton agenda. Tu essaies de reconstituer un
journal à partir de la page de l’agenda. Tu vérifies aussi le calendrier sur le
iPhone. Mais il en manque les trois quarts. Tu ne sais plus ce que tu as pensé,
ce que tu as fait. Une sorte de panique, une inquiétude. C’est comme le jour
qui chasse l’autre, cette espèce de fuite dans le néant des jours que nous avons
pleinement vécus et qui sont de l’ordre de l’éphémère, comme s’il fallait
impérativement fixer l’éphémère, même si c’est par la plus grande banalité. « Aujourd’hui
je me suis levée tard, il fait frais, je suis allée prendre un café dans tel
endroit, j’ai vu un tel… ». Même si ce n’est que cela, tu as besoin que « cela »
existe, que ce soit écrit, comme si c’était pour t’assurer que tu n’as pas « perdu »
la journée. Il suffit que cette journée soit écrite. Mais comment !
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