La ville sensible, ce sont aussi les
bruits de la ville, le vacarme, les sons, ce qui fait sa spécificité :
bruits des voitures qui freinent, des bus qui partent de la station, bruits du
métro, des sirènes de pompiers, des ambulances, klaxons, musiques de toutes
sortes, ambiances caractéristiques d’une ville.
Une année, alors que je voulais une
chambre dans un hôtel de Paris sur la Rue de Rennes, le réceptionniste m’a
demandé si je voulais donnant sur l’avenue avec, ajouta-t-il, un bruit
infernal, ou sur une cour intérieure très calme, ouvrant sur un mur. J’ai
répondu aussitôt : « Sur l’avenue, bien sûr ». Il eut l’air
surpris. « Vous aurez le bruit de la ville tout le temps dans les
oreilles, répéta-t-il. – Mais c’est ce que je veux. J’ai des boules Quies, pour
dormir quelques heures…si ça devient infernal. Ce que je veux c’est la ville, les lumières de la
ville, le bruit de la ville, sa respiration, sa pulsation, son rythme, son
timbre. Vous comprenez ? » Il ne comprenait rien, il m’a prise pour une
folle et finalement, il fut content de louer une chambre dont personne ne
voulait. Elle avait un grand balcon au quatrième étage. C’était l’automne, mais
il ne faisait pas froid. Avec un gilet, je pouvais rester assise à ce balcon,
regardant la circulation, rêvassant, imaginant la vie de nuit, cette rumeur
sourde, constante, la signature sonore de Paris.
rue de Rennes depuis Montparnasse
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire