12/09/2013

les années


C’est elle la femme qui m’a posé cette question : « Comment te vois-tu à quarante ans » ? Sur le fond d’un ciel bleu pâle qui s’ouvrait devant moi s’est découpée une pensée floue, latente, indescriptible.

Plus tard dans la journée, j'ai ouvert Les Années d'Annie Ernaux. La première ligne disait : « Toutes les images disparaîtront ». Une autre question m’est apparue : Et les femmes, les hommes ?

Disparition, oubli, mémoire incertaine. Le passage de Tchekhov en exergue du récit d'Ernaux dit tout cela :  

« - Oui. On nous oubliera. C’est la vie, rien à faire. Ce qui aujourd’hui nous paraît important, grave, lourd de conséquences, eh bien, il viendra un moment où cela sera oublié, où cela n’aura plus d’importance. Et, c’est curieux, nous ne pouvons savoir aujourd’hui ce qui sera un jour considéré comme grand et important, ou médiocre et ridicule. (…) Il se peut aussi que cette vie d’aujourd’hui dont nous prenons notre parti, soit un jour considérée comme étrange, inconfortable, sans intelligence, insuffisamment pure et, qui sait, même, coupable ».

Peut-être y a-t-il derrière notre vie d’aujourd’hui, l’oubli qu’il y a le temps -- le grand temps, parent de la surprise, des choix inconnus, inespérés.


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