C’est 2013, décembre s’achève, il nous reste deux jours, mais je crois avoir compris. Le hasard n’existe pas plus que la vérité. Fiction contre fiction, chimère contre chimère, ça ne peut plus être ma guerre. Dans le réel, écrire. Aller plus loin. Donc inventer.
Peut-être qu’il ne faudrait jamais
s’en faire du passé. Une voiture démarre devant un couvent des sœurs en
Irlande. Nous sommes en 1956. Le petit garçon de six ans s’en va avec ses
riches parents adoptifs, il ne reverra jamais sa jeune mère de naissance.
Aujourd’hui, Anthony aurait 50 ans. Presque cinquante ans depuis qu’elle n’a
plus revu son fils, cinquante ans depuis ce
qui s’est passé, cinquante ans de silence, cinquante ans de douleur, de je veux savoir, de je veux pas savoir, cinquante ans
d’invention, de visions de personnages qui seraient Anthony, garçon,
adolescent, jeune homme, mari, homosexuel, sans-abri, intelligent, retardé, et
la rencontre avec Martin, le journaliste, et ce projet de oufs, j’ai enfin pu
révéler le secret de ma vie, viens avec moi, Martin, chercher Anthony. Essayons de le trouver. Et
pour point de départ, cette histoire vraie et troublante des jeunes filles
irlandaises après la Seconde Guerre, qui accouchaient dans la honte et se retrouvaient accueillies à un couvent catholique, où les sœurs ne faisaient que leur enfoncer le couteau plus loin dans
la plaie les faisant ressentir le péché, les forçant aux travaux les plus durs… leur allouant seulement une heure de temps par jour avec leurs enfants. Hantée
par des images de ces années-là, Philomena, âgée de presque soixante-dix ans, l’héroïne du film éponyme récent, raconte et laisse couler des larmes. Par où commencer Martin ? Will you help me find my son?
Le bon sens commanderait d’écouter
attentivement l’histoire de Philomena, de penser à des montages, des
stratégies, noircir des carnets de notes. Observe donc, Martin, puisque tu t’y
trouves et as accepté de t’embarquer dans cette enquête. Écoute, mais comment
mettre en acte ce que l’histoire déplie ? Martin saura comment agir, par où commencer. Quant au film, il nous attire, nous captive,
nous tient en haleine. Il nous montre avec allure qu’il faut s’en faire du passé
pour vivre mieux le présent.
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