Fugitives, les images suivantes
montrent des passagers qui arrivent à l’aéroport de Winnipeg, la plupart
habillés en vêtements assez légers comme s’ils venaient d’un lieu chaud. Sans
bien savoir pourquoi, je suis accablée par l’idée du choc que ces gens vont
ressentir quand ils mettront le nez dehors, où il vente et l’air frigorifié est
à -20. Vers la sortie, par une fenêtre, à travers l’haïssable neige glaciale,
je vois tracés en lettres vertes et jaunes sur le bâtiment d’en face, les mots Enterprise, Avis, Hertz, Reserved Parking... Personne ne traverse la rue pour aller dans cette direction-là. Peut-être, ces compagnies
de location de voiture ne sont plus ouvertes. Cette pensée d’une ville
amortie, engloutie par l’hiver, me donne envie de mourir. C’est qui d’abord,
qui a inventé tous ces noms… Enterprise,
Avis… ? D’où viennent ces gens qui vivent ici ? Pourquoi traverse-t-on
l’océan ? Ou peut-être qu’ils sont simplement nés ici ? Pourquoi fait-on quoi
que ce soit ? Oh, les beaux jours… Vous êtes venue, vous,
chercher l’inspiration d’une vie nouvelle à Toronto ? Je vous le demande parce
que je vous vois arriver à Winnipeg. Que peut espérer vivre par -40 une femme dans une ville de la Plaine, dont les plaines ne se laissent même pas
approcher ? Puisqu’elles sont sous la neige plus de six mois..
Dans mon for intérieur, je suis sur
le point d’éclater en sanglots.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire