Je serais restée encore avec eux
dans la salle de classe à lire L’Amérique
au jour le jour de Simone de Beauvoir. C’était tranquille. Un après-midi
froid mais plein de lumière. J’avais ouvert le livre au hasard, et en lisant,
j’avais l’étrange impression que ce qui passait sous mes yeux était bel et bien
actuel, contemporain.
L’Amérique
au jour le jour est le journal que de Beauvoir a tenu lors de son voyage de
quatre mois aux États-Unis, de janvier à mai 1947, mais au fond, je ne suis pas
la seule à noter que ses observations sont vraiment pertinentes
aujourd’hui : la verve de New York, la solitude des
gens dans des cafés, les enfants qui patinent dans Central Park, les bars de jazz
‘authentic’, qui selon elle, n'ont rien à voir avec certains bars de jazz de Paris, la
passivité des jeunes dans des universités, l'indifférence politique de la plupart des gens de classe moyenne… et plus intimement, cette prise de conscience qu’elle est « personne », une étrangère, dans cette immense ville qui a existé avant elle, et qui existera amplement après son départ.
Une entrée de son journal, quatre
jours après son arrivée à New York, dit :
January
29, 1947 – Again I slept late. But
there’s something in the New York air that makes sleep useless; perhaps it’s
because your heart beats more quickly here than elsewhere – people with heart
conditions sleep less, and many New Yorkers die of heart problems. In any case,
I’m enjoying this windfall: the days seem too short.
Dès les premières pages, surgit l’enthousiasme de la femme qui voudrait sentir la ville sans perdre un instant, mais qui en même temps, tente de
la penser, l’observer, l’analyser. Aurait-il pu être autrement vu qu’il s’agit
de Simone de Beauvoir ?
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