09/02/2014

la ville toujours


Depuis le début, je n’arrive pas à écrire ma ville ou chez moi, à inclure Winnipeg dans le monde où je vis au quotidien. Pas de possessif par lequel je prononce mon appartenance. [Cette impossibilité est-elle une façon d’exclure Winnipeg, de la renvoyer à l’exclusion qui est au fond la mienne dans cette ville ?]

D’un certain point de vue, considérable, celui du temps, je n’ai vécu à Winnipeg que deux ans et cinq mois. Peu pour me sentir appartenir, mais assez pour m'imaginer dans les rangs de ceux qui se plaignent et râlent contre l'hiver rude de la Plaine. Si le dernier numéro de The Uniter titre que "Home is where the snow is", suis-je prête à partager cette vision ? Certainement pas, ou du moins pas encore, vu que l’hiver qui dure ici environ six mois me rend de mauvaise humeur chaque fois quand je m’arrête pour y penser. Néanmoins, un lieu comme Winnipeg ne catalyse pas que de l’énergie négative. Il me pousse à renouveler ce que j’avais cru comprendre ces dernières années sur mon « chez moi » au Canada. J’avoue qu’à Toronto, je n’ai jamais autant réfléchi à cette question du « qui suis-je ? », qui restait pour moi une question littéraire, celle de Nadja de Breton, que je n’avais pas eue l’occasion de m’approprier, de vivre réellement.

Après tout, je me demande si un jour, la ville de Winnipeg aurait la force (me forcerait-elle ?) de me mener à éclaircir, voire à écrire, le récit du « qui je suis », pour que ce récit-là me rende la ville plus supportable. Peut-être ou peut-être pas. Dans tous les cas, le processus me semble lent, laborieux, en écho avec la lenteur intérieure que je traverse ce début de février.


The Forks, Winnipeg (photo credit The Uniter)

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