Aimer, ce n’est
surtout pas échanger, offrir, écouter, comprendre, compatir. Au contraire,
c’est vouloir tuer, vouloir mourir ; c’est absolu, secret, furtif,
marginal, criminel. Sublime et sublimé. De temps à autre, il y a des actes
manqués qui s’y mêlent. L’amour, c’est le geste meurtrier de Christine Villemin
sur son fils, d'après Duras. C’est sa propre attente de Robert Antelme en '45,
attente au cours de laquelle elle s’est trouvée « scellée à
Dieu ». C’est la lettre d’amour d’Emily L. au gardien, qui évoque « l’attente d’un amour, d’un amour sans encore personne
peut-être, mais de cela et seulement de cela, de l’amour. Je voulais vous dire
que vous étiez cette attente ». Pour pouvoir aimer l’autre, on a besoin
qu’il soit aboli, absent, annulé, endormi, au camp, mort, dans le coma, le plus
loin possible. Yann Andréa n’a autant désiré Marguerite Duras que pendant son
coma alcoolique ; elle l’a senti, il l’a confirmé. Les choses sont ainsi.
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