21/03/2012

aimer

Aimer, ce n’est surtout pas échanger, offrir, écouter, comprendre, compatir. Au contraire, c’est vouloir tuer, vouloir mourir ; c’est absolu, secret, furtif, marginal, criminel. Sublime et sublimé. De temps à autre, il y a des actes manqués qui s’y mêlent. L’amour, c’est le geste meurtrier de Christine Villemin sur son fils, d'après Duras. C’est sa propre attente de Robert Antelme en '45, attente au cours de laquelle elle s’est trouvée « scellée  à Dieu ». C’est la lettre d’amour d’Emily L. au gardien, qui évoque « l’attente d’un amour, d’un amour sans encore personne peut-être, mais de cela et seulement de cela, de l’amour. Je voulais vous dire que vous étiez cette attente ». Pour pouvoir aimer l’autre, on a besoin qu’il soit aboli, absent, annulé, endormi, au camp, mort, dans le coma, le plus loin possible. Yann Andréa n’a autant désiré Marguerite Duras que pendant son coma alcoolique ; elle l’a senti, il l’a confirmé. Les choses sont ainsi.

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