10/03/2012

soudain

Soudain, je me suis aperçue que je ne pouvais pas aimer cet homme sans l’avoir d’abord inventé, imaginé, rêvé, parce qu’une histoire d’amour c’est d’abord deux êtres qui s’inventent, ce qui rend peut-être la réalité acceptable, indispensable même comme point de départ. Autrefois, j’avais cet idéal du dévouement pendant longtemps ou très longtemps, jusqu’à la vieillesse, d’une femme et d’un homme à cette œuvre d’imagination qu’on appelle le « grand amour », qu’ils ont créé ensemble et réciproquement ; deux êtres qui se sont d’abord inventés. Mais il y a eu le passage par des temps difficiles ; il y a eu la crise d’imagination et du sans-imagination. La démystification est passée par là aussi. À un excès de romantisme, de bla-bla, d’idéalisme et de lyrisme, a succédé une période sans poésie, mutilée, le règne du zéro ; un temps où j'ai réalisé que s’il y a une part humaine qui ne peut se passer d’imaginaire, de poésie, c’est notre part d’amour. 

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