Soudain, je me suis
aperçue que je ne pouvais pas aimer cet homme sans l’avoir d’abord inventé,
imaginé, rêvé, parce qu’une histoire d’amour c’est d’abord deux êtres qui s’inventent,
ce qui rend peut-être la réalité acceptable, indispensable même comme point de
départ. Autrefois, j’avais cet idéal du dévouement pendant longtemps ou très
longtemps, jusqu’à la vieillesse, d’une femme et d’un homme à cette œuvre d’imagination
qu’on appelle le « grand amour », qu’ils ont créé ensemble et réciproquement ;
deux êtres qui se sont d’abord inventés. Mais il y a eu le passage par des
temps difficiles ; il y a eu la crise d’imagination et du
sans-imagination. La démystification est passée par là aussi. À un excès de
romantisme, de bla-bla, d’idéalisme et de lyrisme, a succédé une période sans
poésie, mutilée, le règne du zéro ; un temps où j'ai réalisé que s’il y a une part humaine
qui ne peut se passer d’imaginaire, de poésie, c’est notre part d’amour.
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