Ce qui, une saison
de votre vie, vous aspire corps et âme, devient, la saison d’après,
objet de déchirements, de débat, de réflexion ; vous commencez à trahir.
En fait, c’est plus compliqué. Plus mêlé.
Dans un livre qui
vient de paraître, Enfants cachés en France par Nathalie Zajde, je relis un passage sur la philosophe Sarah
Kofman. Son père juif polonais s’était sacrifié pour sauver sa famille pendant
la Seconde Guerre. La petite fille, née en 1934, fut placée chez « Mémé »,
chrétienne banalement antisémite, gaulliste bienveillante. Dès lors, Sarah dut s'assimilée à la
culture française : « Elle
voulut rompre avec son passé, sa fratrie. Elle oublia son père ; elle ne
parlait plus le yiddish ». Elle est devenue une intellectuelle de
renom, une « parfaite Française ».
Mais finalement elle eut honte d’avoir eu honte : en 1994, elle publie une
autobiographie, Rue Ordener, rue Labat ;
elle révèle son histoire … et met fin à ses jours. Le leurre qu’elle s’est tissé en existence, finit par la lui reprendre.
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