Ces jours-ci, j’entends souvent des
mots comme : présent, absent,
achèvement, inachèvement... Comment se vivent ces états de présence,
d’absence… ? Le plus difficile, me
semble-t-il, n’est pas de convoquer l’absence mais de capter la présence de ceux
qui sont loin ou absents.
Imaginons cette
situation : on descend dans la rue. De préférence dans une grande ville,
ou à l’étranger. Là où l’on ne connait personne. Où l’on est sûr de pouvoir
marcher des heures sans suivre la moindre trace connue. Des passants, rien que
des passants, sans histoire ni passé, sans autre ombre que celle que la lumière
attache à leurs talons. Essayons de ne pas croiser les regards, ne pas scruter
les visages. Évitons le jeu des ressemblances avec des gens d’un entourage
connu. Ainsi on peut avoir enfin l’impression d’habiter un monde sans
profondeur : une feuille de papier blanc où se découpent des silhouettes
sans halo, aucun souvenir en ritournelle. Une sorte de paix du commencement.
D’où on comprend peut-être que seuls les
inconnus sont pour nous sans fantôme ; aucune mémoire ne nous attache à eux. Dès que
l’on connait, dès que l’on reconnait, on a beau vouloir faire le vide, ça revient.
l'hiver jamais parti, revient... arbres givrés le 28 mars, Maryland Street, Winnipeg
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