Pendant des mois, des années. Le jour,
elle cherche en vain la maison qui n’existe pas. La nuit, elle la retrouve à
chaque fois.
Alors, elle renonce. Elle met fin à ses
voyages. Elle rentre chez elle. Elle tente de s’étourdir afin d’oublier son
délire. Mais quels que soient le travail pour lequel elle s’épuise, l’alcool
dont elle s’enivre, l’homme avec lequel elle partage son lit, dès qu’elle dort,
son rêve lui revient chaque nuit.
Un jour, bien des années ont passé, dans
le petit village de bord de mer qu’elle a choisi afin de se retirer, en se
promenant, elle remarque une rue qui s’écarte de la grande avenue, et dont elle
n’avait jamais jusque là noté l’existence. Cette rue se faufile entre les
villas, passe parmi des baraques sales – un grand parking vide, le stade
désert, la déchetterie – et, inexplicablement, elle conduit vers une campagne
où disparaissent bientôt toutes traces de vie.
C’est une belle journée de printemps. Elle
marche longtemps. Même le bruit des voitures sur la route a cessé. Il y a des
prés, des champs qui s’étendent à l’horizon et dont elle ne soupçonnait rien.
Elle arrive à un petit lac derrière lequel commence une forêt. Elle passe entre
les premiers arbres, hésite entre plusieurs sentiers qui sinuent parmi des
buissons épais. Plusieurs des choses qu’elle croise – un arbre à silhouette
torse, les marques rouges que, sur les troncs, laissent parfois les bûcherons,
la boue onctueuse – lui apparaissent vaguement familières sans qu’elle y prête
d’abord attention. C’est alors bien entendu, qu’elle reconnaît le monde de son
rêve.
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