08/04/2012

comme si

C’est comme si je me disais que la tristesse retient la haine et que c’est ma capacité de la nommer et de l’élucider – de dire et d’éclaircir mes ambivalences amour-haine, mes humeurs dépressives latentes – qui fait que le « déplacement » des affects dans le langage peut être un contre-dépresseur. Je dis ainsi que ce qui me déborde – affect et sens – peut devenir discours de la douleur dite et soulagée par cette nomination même. Ce serait aussi faire le pari que mes « chutes » sont dépassables, et que « le voyage au bout de la nuit » qu’est l’écriture parvient à traduire quelque chose de cette tristesse mélancolique. Traverser la dépression serait alors la traduire : la traduction comme expérience de traversée ; mais traversée à fond où se rencontrent affect et sens dans le corps des mots et dans l’écriture comme acte imaginaire au dire de Proust : « le seul livre vrai, un grand écrivain n’a pas à l’inventer, puisqu’il existe déjà en chacun de nous, mais à le traduire. Le devoir et la tâche d’un écrivain sont ceux d’un traducteur » (TR, RTP IV., 460). L’imagination, voie vers la création, si et seulement si elle parvient à nommer mes troubles. 

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