04/04/2011

"copie conforme" : magie de l'illusion


Le film Copie conforme est un tournant dans le parcours d’Abbas Kiarostami. Le cinéaste iranien réalise pour la première fois une production hors de son pays, en Italie, dans un village de Toscane. Malgré ce changement de décor, il garde sa manière de nous surprendre, de nous imbriquer dans une histoire à double visage entre illusion et vécu, et de nous ramener ainsi à nos incertitudes sur l’amour, le couple, la vie de famille.

Copie conforme, présenté au festival de Cannes en mai 2010, pour lequel Juliette Binoche eut le prix d’interprétation féminine, est un attachant jeu de masques : quelques jours dans la vie d’une femme française habitant en Toscane, dont le quotidien décevant se traduit par l’amertume et un certain cynisme, mais aussi par le désir de renouer avec une existence passée et l’homme autrefois aimé. Elle tient une galerie d’art à Florence, élève son fils, et se sent délaissée par un mari toujours absent au fil des quinze ans de mariage.

Le regard de Kiarostami sur l’homme et la femme peut surprendre surtout ceux qui font confiance à l'amour idylle, car le film balaye les illusions sur le couple, déconstruit l’idéal amoureux et remet sans cesse en question la vie commune. L’homme chez Kiarostami est par endroits cruel, vit dans l’illusion que l’amour de la femme lui est acquis, qu’il n’a pas besoin de renouveler ses preuves d’affection. Elle, la femme est profondément instable, minée par la crainte d’être abandonnée ; elle réclame des gages d’amour, des rappels de complicité.

Un homme, une femme, sans nom, le film est une comédie et une fable ; une comédie de faux-semblants, un jeu sur les apparences.

Lorsqu’il filme son héroïne dans une voiture avec l’homme écrivain-ex-mari, caméra fixée sur eux, en ignorant le paysage, Kiarostami semble marquer une coupure entre ce qui est dans le champ de vision des personnages et ce qui compte pour lui : transmettre son point de vue dans la conversation qui s’y passe entre les deux passagers. Jeu de mots et de regards, ruse de l’illusionniste qui ne cache pas ses tours pour cerner la vérité. 

Le film, c’est vrai, est intriguant ; il laisse songeur : elle et lui, se connaissaient-ils avant ? Quelle frontière entre réel et fantasmé ? Délire ou réalité ? Copie, original..., de quoi penser de multiples entre-deux.



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