12/01/2012

jeu surréaliste

Du surréalisme, je retiens des textes, des tableaux, des noms d’auteurs, je pense rarement aux activités collectives du groupe surréaliste. En feuilletant le beau livre de Georges Sebbag, L’amour-folie. Suzanne. Nadja, Lise, Simone (2004), je tombe sur « le jeu des définitions » qu’André Breton a dû jouer avec Suzanne Muzard autour du 20 mars 1928, dont voici quelques répliques :

S.M. et A.B.
B. Qu’est-ce que la liberté ?
S. Une multitude de points multicolores dans les paupières.

S. Qu’est-ce que l’exaltation ?
B. C’est une tache d’huile dans un ruisseau ?

S. Qu’est-ce que les yeux ?
B. Le veilleur de nuit dans une usine de parfums.

B. Qu’est-ce que le baiser ?
S. Une divagation, tout chavire.

B. Qu'est-ce que la femme ? 
S. Une étoile dans l'eau.

S. Qu’est-ce que le jour ?
B. Une femme qui se baigne nue à la tombée de la nuit.

B. Qu’est-ce qui plane au-dessus de S. et de moi ?
S. De grands nuages noirs et menaçants.

B. Qu’est-ce qu’un lit ?
S. Un éventail vite déplié. Le bruit d’une aile d’oiseau.

B. Qu’est-ce que le suicide ?
S. Plusieurs sonneries assourdissantes.

B. Qu’est-ce que l’absence ?
S. Une eau calme, limpide, un miroir mouvant.

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