16/01/2012

privilège

Ce matin, je regardais de ma fenêtre l’église qui me faisait face, les fidèles qui sortaient de la messe, les enfants qui courraient à la voiture pour couper le froid, et j’ai eu une illumination : il n’y a pas de situation privilégiée. Toute situation se vaut parce qu’elle a sa vérité, parce qu’elle se vit et qu’elle existe. Lorsque j’essayais de formuler et de noter cette idée, j’ai pensé surtout à moi : soudain, il m’apparaissait que j’avais ma part de chance au monde ; qu’au fond, je n’étais privée d’aucune chance, et à ce moment particulier où je le pensais, il me semblait que j’avais raison. N’être personne, se faufiler à travers les rues et les couloirs des bibliothèques, marcher vite dehors et flâner à l’intérieur de soi-même, s’intéresser aux moindres nuances du ciel et de son cœur, frôler la déprime et la déjouer, tout cela m’apparaissait favorable, comme si tout à coup, j’avais la révélation de l’intrépidité de la jeunesse.

« La beauté sera CONVULSIVE ou ne sera pas », ces derniers mots de Nadja d’André Breton ont contrarié les étudiants. Que dire ? Dans l’instant, j’ai préféré laisser le suspens... Je suis sortie et je me demandais comment on pense, comment on sent, comment on souffre à vingt ans : j’enviais, je redoutais ces filles et ces garçons qui peu à peu ou très vite allaient s’engloutir dans la routine de leur journée, et j’avais hâte de fixer cette phrase sur papier. 


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