Ce matin, je
regardais de ma fenêtre l’église qui me faisait face, les fidèles qui sortaient
de la messe, les enfants qui courraient à la voiture pour couper le froid, et
j’ai eu une illumination : il n’y a
pas de situation privilégiée. Toute situation se vaut parce qu’elle a sa
vérité, parce qu’elle se vit et qu’elle existe. Lorsque j’essayais de formuler
et de noter cette idée, j’ai pensé surtout à moi : soudain, il
m’apparaissait que j’avais ma part de chance au monde ; qu’au fond, je
n’étais privée d’aucune chance, et à ce moment particulier où je le pensais, il
me semblait que j’avais raison. N’être personne, se faufiler à travers les rues
et les couloirs des bibliothèques, marcher vite dehors et flâner à l’intérieur
de soi-même, s’intéresser aux moindres nuances du ciel et de son cœur, frôler
la déprime et la déjouer, tout cela m’apparaissait favorable, comme si tout à
coup, j’avais la révélation de l’intrépidité de la jeunesse.

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