01/03/2012

enfants cachés

Ce qui, une saison de votre vie, vous aspire corps et âme, devient, la saison d’après, objet de déchirements, de débat, de réflexion ; vous commencez à trahir. En fait, c’est plus compliqué. Plus mêlé.

Dans un livre qui vient de paraître, Enfants cachés en France par Nathalie Zajde, je relis un passage sur la philosophe Sarah Kofman. Son père juif polonais s’était sacrifié pour sauver sa famille pendant la Seconde Guerre. La petite fille, née en 1934, fut placée chez « Mémé », chrétienne banalement antisémite, gaulliste bienveillante. Dès lors, Sarah dut s'assimilée à la culture française : « Elle voulut rompre avec son passé, sa fratrie. Elle oublia son père ; elle ne parlait plus le yiddish ». Elle est devenue une intellectuelle de renom, une « parfaite Française ». Mais finalement elle eut honte d’avoir eu honte : en 1994, elle publie une autobiographie, Rue Ordener, rue Labat ; elle révèle son histoire … et met fin à ses jours. Le leurre qu’elle s’est tissé en existence, finit par la lui reprendre. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire