16/03/2013

rêves avortés


« Ce qui n’a pas eu lieu doit aussi des comptes à la mémoire ». Cette phrase de Maurice Blanchot ne cesse de me hanter, comme si elle était là pour me rappeler que lorsque j’en aurai fini avec mon passé et celui des miens, je devrai me pencher sur tout ce qui est resté mort-né dans ma vie, ce que j’ai – inconsciemment ou consciemment – étouffé dans l’œuf... Je devrai réfléchir sur les choses que je n’ai pu réaliser, les rêves que je n’ai pas mené au bout.

« Il n’y a pas de Kennedy heureux ». Ces mots à la fin du documentaire Les Kennedy : la fin de l’innocence (réalisé par Patrick Jeudy en 2010) inscrivent la fatalité de la mémoire du clan mythique des Kennedy pour les générations à venir. On dit que John F. Kennedy s’est lancé dans la politique pour achever le rêve de son père, « l’Ambassadeur », qui avait toujours aspiré à plus de pouvoir, plus d’argent, plus de prestige… malheureusement, sans avoir prévu l’entrée des Etats-Unis dans la Seconde guerre. La chute du père signifie donc l'énorme responsabilité du fils ; sa gloire, puis encore, la chute, la mort. 

Après, en 1968, Robert Kennedy rêve à son tour de marcher dans les pas de celui qui le précédait dans la famille ; cette fois, son frère aîné JFK. Malédiction familiale, malheur de l’histoire, c’est aussi cela les rêves avortés. L’assassinat, la mort, la vie sur des tombes.. Des enfants qui vivent la vie imaginée par un autre. 

Ces rêves peuvent aussi être des œuvres magistrales, mais chez les Kennedy, ce sont surtout des actes de revanche, de vengeance, de réparation d'une catastrophe. 

Rien ne garantit la beauté de la venue au monde ou de l’accomplissement du rêve mort d’un autre. 

Il est des rêves qu’il faut sans cesse étouffer. Dans l’œuf…


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