18/01/2014

la ville imaginée


Elle aurait fini par faire un récit au conditionnel, s’imaginant dans une ville-collage, une ville-livre, une ville-Histoire. Le plaisir de se promener downtown, d’entrer dans un Starbucks voir si des étudiants resteraient encore là pendant des heures à finir des dissertations pour la semaine de cours, se perdre dans les rues aux maisons somptueuses un jour au ciel bleu et à l’air vif. Emprunter la rue Bernard, passer devant la maison de pierre avec un grand sapin vert en toute saison, qui couvre la fenêtre du salon, arriver sur la colline de Casa Loma dans le jardin encore frileux, et revenir ensuite vers la rue Davenport, entrer à la Maison de la presse voir si Le Monde de vendredi est arrivé, renter tout doucement.


Souvent le samedi, elle ferait cette sortie. Elle partirait assez tôt de chez elle et, par cette promenade, elle tenterait de trouver quelque chose de familier. Les noms propres des rues et des magasins seraient un piège. Il n’y aurait pas de véritable familiarité. Le langage serait différent, tout comme les langues qu'elle entendrait dans la rue. Elle le sentirait. Dès qu’elle ferait l’analogie avec son passé en Europe, elle deviendrait mélancolique. Elle ferait la moue. Il n’y aurait pas en Amérique du Nord de seconde Europe. Elle en aurait le cœur déchiré.



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