Au soleil, dans le Queen’s Park, je feuilletais le Magazine littéraire. Calme, luxe et… découverte de nouveaux titres. Air de printemps en ce début de mars, pleine lumière, j’étais bien à Toronto, dans ce petit coin de nature en plein centre-ville. Tout était là pour me rappeler un peu l’esprit des vacances, et je pouvais imaginer tranquille que j’aurais du temps pour lire librement. Entre autres, j’aurais voulu savoir ce que c’est vraiment que la parution d’un livre. Oui, publier à Paris voulait aussi dire parler à la radio, être présent sur des plateaux de télévision, accompagner le livre, expliquer, entendre des journalistes ou la critique universitaire le déplier. Pas toujours évident ! Et l’écrivain, dans tout cela ?
Je me disais que c’est assez étrange : à Toronto, je suis peu au courant des écrivains anglophones, malgré la Literary Review of Canada que je reçois chaque mois. C’est plutôt dans le Globe and Mail ou dans une librairie que je m’informe au passage. Après tout, cela marche aussi. On a chacun une langue d’amour, de lecture, d’écriture, et la mienne demeure le français. En tout cela, l’important serait je crois, de reconnaître cette langue, de lui parler, de l’activer, d’y être présent.
Parmi les livres parus récemment, il y en a trois qui ont retenu mon attention. Le nouvel essai de Daniel Sibony, Les sens du rire et de l’humour (Odile Jacob) m’a attirée par la multiplicité des angles de réflexion que l’écrivain déploie : philosophique, littéraire, psychanalytique, sociologique. Secousse d’être, du corps et de l’esprit, cascade sonore attachante, on comprend que le rire accompagne l’éclat d’une idée, l’événement de pensée, le décollage de l’effet symbolique. Or, ce n’est pas peu de parvenir à entendre avec Daniel Sibony que le rire n’est pas un simple déchargement d’énergie pulsionnelle, tel qu’on serait tenté de le croire chez Bergson ou Freud, mais surtout une charge ou une recharge où se vit l’amour de l’être et du symbolique en toute sa plénitude.
Le deuxième livre auquel je pense aujourd’hui est le roman de Patrick Modiano, L’Horizon (Gallimard). Une chronique du Monde me donna envie de retrouver l’univers mystérieux du Paris modianesque, son lexique du flou que dissimule la trompeuse clarté de la syntaxe, ses personnages un peu perdus, en fuite, clandestins. La tension entre l’histoire, le témoignage et la fiction me plaît chez Modiano. Sous l’apparente simplicité, se fait sentir chez lui, une cartographie nostalgique, des points de mélancolie qui suggèrent malgré tout quelque chose de l’ordre de l’éternel recommencement, de l’espoir, et cette fois, de « l’horizon » de l’avenir.
Et un troisième livre sur lequel je m’arrête, écrit un fait divers. Il s’agit du dernier roman de Régis Jauffret, Sévère (Seuil), qui reprend la trame narrative de l’affaire Stern, du nom de ce banquier assassiné par sa maîtresse, en 2005. Par son choix, l’écrivain pose la question du pouvoir de la littérature : que peut le texte quand il s’empare d’un crime pour en faire de la fiction ? En s’insinuant dans la tête de la meurtrière, comment l’écriture arrive-t-elle à restituer la manipulation, les limites de l’amour fou et de la haine, l’époque où nous vivons ?
Voici donc : lecture, écriture, soleil et promenade, qui ne comprend que le printemps arrive ? Au cœur de la saison renouvelée, j’aimerais croire que se renouvelle l’envie de lire, de respirer l’air frais et le parfum des mots..
Parmi les livres parus récemment, il y en a trois qui ont retenu mon attention. Le nouvel essai de Daniel Sibony, Les sens du rire et de l’humour (Odile Jacob) m’a attirée par la multiplicité des angles de réflexion que l’écrivain déploie : philosophique, littéraire, psychanalytique, sociologique. Secousse d’être, du corps et de l’esprit, cascade sonore attachante, on comprend que le rire accompagne l’éclat d’une idée, l’événement de pensée, le décollage de l’effet symbolique. Or, ce n’est pas peu de parvenir à entendre avec Daniel Sibony que le rire n’est pas un simple déchargement d’énergie pulsionnelle, tel qu’on serait tenté de le croire chez Bergson ou Freud, mais surtout une charge ou une recharge où se vit l’amour de l’être et du symbolique en toute sa plénitude.
Le deuxième livre auquel je pense aujourd’hui est le roman de Patrick Modiano, L’Horizon (Gallimard). Une chronique du Monde me donna envie de retrouver l’univers mystérieux du Paris modianesque, son lexique du flou que dissimule la trompeuse clarté de la syntaxe, ses personnages un peu perdus, en fuite, clandestins. La tension entre l’histoire, le témoignage et la fiction me plaît chez Modiano. Sous l’apparente simplicité, se fait sentir chez lui, une cartographie nostalgique, des points de mélancolie qui suggèrent malgré tout quelque chose de l’ordre de l’éternel recommencement, de l’espoir, et cette fois, de « l’horizon » de l’avenir.
Et un troisième livre sur lequel je m’arrête, écrit un fait divers. Il s’agit du dernier roman de Régis Jauffret, Sévère (Seuil), qui reprend la trame narrative de l’affaire Stern, du nom de ce banquier assassiné par sa maîtresse, en 2005. Par son choix, l’écrivain pose la question du pouvoir de la littérature : que peut le texte quand il s’empare d’un crime pour en faire de la fiction ? En s’insinuant dans la tête de la meurtrière, comment l’écriture arrive-t-elle à restituer la manipulation, les limites de l’amour fou et de la haine, l’époque où nous vivons ?
Voici donc : lecture, écriture, soleil et promenade, qui ne comprend que le printemps arrive ? Au cœur de la saison renouvelée, j’aimerais croire que se renouvelle l’envie de lire, de respirer l’air frais et le parfum des mots..
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