02/12/2010

2 décembre 1980

Il y a juste trente ans, Romain Gary mit fin à ses jours. L’émission La Grande Librairie et le documentaire Infrarouge sur France 2 diffusés aujourd’hui parlent de l’écrivain, de ses livres, de ses multiples vies..
C'est l'histoire belle et triste du petit garçon Roman Kacew né à Vilnius en 1914, de parents juifs. La mère est actrice de théâtre et le père fourreur qui, très tôt, les quitte pour fonder une autre famille. «Je suis le fils d'un homme qui m'a laissé toute ma vie en état de manque», écrit Gary dans Pseudo. Un sentiment d'abandon et de peur ne quittera jamais l'écrivain.
Arrivé à Nice, en 1928 avec sa mère, Roman devient Romain. Mina, la mère adorée, mise tout sur son fils. Il aura la gloire dont elle fut privée: «Tu seras Casanova, Guynemer, d'Annunzio». C'est elle qui trouve son nom de plume, Gary, qui signifie «Brûle !» en russe. Pendant la guerre, Gary se bat pour la France libre et reçoit la médaille de la Résistance. Il mène ensuite une double carrière de diplomate et d'écrivain.
En 1956, il obtient le prix Goncourt pour Les Racines du ciel. Gaulliste fervent, Romain Gary se rebelle contre son époque, ses textes fustigent les avant-gardes ; la critique lui fait payer en l'ignorant. Pour continuer, il change de style, invente un pseudonyme, Émile Ajar, et le fait incarner par son petit-cousin Paul Pavlowitch. Cela prend, et Gros-Câlin (1974) est un succès. Un an plus tard, La Vie devant soi est consacré par le Goncourt. 
Jean Seberg et Romain Gary
Il est connu qu'aucun auteur n'a le droit de recevoir deux fois le Goncourt. Ajar entre en scène lorsque Gary en sort. Il a beau jouer des tours, changer d’allure et de compagnes, il n'est plus qu'une ombre. Son mariage avec l'actrice Jean Seberg se déchire. Gary refuse d'avouer qu'il est Ajar. Il a peur de passer pour un traître. Impossible de se débarrasser d'Ajar, le personnage qu'il créa l'étouffe, le poursuit, lui prend la vie. Ne lui reste plus que le suicide : le 2 décembre 1980, Gary se tire une balle dans la bouche, un an après la mort de Jean Seberg. 


** L'exposition Romain Gary bas les masques au Musée des Lettres et Manuscrits à Paris, du 3 décembre au 20 février 2011, rend hommage à "l'un des écrivains les plus marquants et les plus énigmatiques du XXe siècle".  

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