23/02/2012

l'éclaircie

Blanchot, dans son essai sur le « roman à thèse », explique qu’il est absurde de reprocher à une œuvre de signifier quelque chose ; mais il y a une grande différence, ajoute-t-il, entre signifier et démontrer. L’existence est toujours signifiante encore qu’elle ne prouve jamais rien. Le but de l’écrivain, c’est de donner à voir, en la recréant avec des mots : il la trahit, il l’appauvrit ou l’enrichit ; il restitue ce qu’on croyait indicible ou évident, banal ou extra-ordinaire, et à quoi on s’identifie souvent.

J’avais terminé L’Éclaircie de Philippe Sollers, et dès le début, ce roman était pour moi une métaphore de la vie illustrée à travers la peinture ; par l’amour de la peinture. Sollers écrit : « C’est en s’embrassant passionnément et longtemps qu’on sait si on est d’accord. Le long et profond baiser, voilà la peinture, voilà l’infilmable ». Et de nous entraîner dans un voyage avec Manet, il ajoute : « Libre à vous d’avancer plus loin, comme Manet s’est permis de le faire avec Titien et Picasso avec Vélazquez… ». Blanchot aurait du mal à ranger L’Éclaircie parmi les romans à thèse ; par-delà un but défini, son message semble être : allez plus loin.  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire