20/04/2013

femmes de pierre


J’ai acheté une autre plante. Je la regarde pousser. Ses feuilles sont comme de petites mains qui s’ouvrent, délicates vers le ciel. Au centre des feuilles, une tige. Une seule. Bien solide. Bien droite. Comme le tronc d’un petit arbre. C’est une plante qui grandit vite. Bien déterminée à survivre, à prendre sa place sur la terre.

Dans la fenêtre, juste derrière la plante, je vois un quartier industriel de Winnipeg. Il a l’air si triste. De temps à autre, une fumée grise sort du plus haut fourneau. Rien ne semble changer à l’horizon. De longues années, et le décor reste le même. Sans doute vaut-il mieux rester immobile que de tourner sans cesse autour d’une image du passé.

Moi, je passe de longues heures à rien faire. Cet état d’apathie n’est pas désagréable une fois qu’on a dépassé l’ennui. Je reste immobile et j’imagine que je suis une femme de pierre. Une statue parmi les plantes dans un jardin anglais ; dans Leo Mol Sculpture Garden au parc Assiniboine. 

Dans une librairie de livres anciens et d’occasion, j’ai trouvé un album de photos de statues. Une idée m’est venue : si je pouvais découper ces images, je ferais un collage où je mettrais tout en bas, les femmes couchées, mortes et blessées. En haut, celles qui pleurent et celles qui supplient à genoux. À gauche, les femmes candides ; assises. Au centre, les déesses, les muses, les souveraines. Bien droites, debout. Brandissant un drapeau, une arme, une tête de saint. 

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