Croyant reconstituer une histoire
passée, je fabrique peut-être une histoire à venir. Échouant toujours à donner
forme à l’une comme à l’autre qui sont semblablement l’avers et l’envers de
ce que je pourrais nommer « une histoire à inventer », je lis dans
l’espoir de la retrouver ; j’écris dans l’espoir identique de l’avoir inventée
un jour. Le récit semble grossir à mesure que je m’efforce sans trêve vers un
conte tout simple que j’ai en tête, de digression en péripétie, d’ajout en
redite, ce récit finirait par prendre les proportions d’un livre. Un livre fait
d’histoires de vies minuscules qui se trouveraient partout et nulle part.
Chacune étant pourtant la mienne, vie déformée sous l’apparence hasardeuse et
arbitraire d’une brève fiction comme il en est des milliers et où brille,
réfléchi par des milliers de miroirs de mots, l’éclat vain d’une vérité
fragile et incertaine. Car après tout, je ne peux abandonner l’idée que cette
vérité existe, et que de la chercher confirme qu’il y a encore des énigmes
égarés.
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