Depuis mon retour, j’ai recommencé à
rêver. La nuit dernière, je l’ai passée dans un pays de l’Est. J’arrivais à
Budapest après un long voyage en train avec des gens tristes. Le jour se levait. Dehors, il faisait bleu et froid. Le
même bleu que dans le film de Sharon Alward, Rituals of Healing. Pour me réchauffer, j’ai serré mon manteau
contre mon corps et j’ai mis un châle sur ma tête. Il neigeait. Un employé de
la gare m’a dit quelque chose dans une langue incompréhensible. Je suis entrée
dans le buffet de la gare. La serveuse, une jeune femme aux grands yeux noirs,
m’a posé une question. Dans le doute, j’ai fait un signe comme si c’était un
oui, et elle m’a apporté un café. Ici, je n’avais aucune raison de me sentir
bien. Le froid. L’impossibilité de communiquer. La misère que j’observais aux tables voisines. Étrangère à tout ce qui m’entourait. Et pourtant, je me sentais presque
heureuse. Un peu comme dans une histoire d’amour. L’amour avant les larmes. Une
vie nouvelle. Intacte.
En sortant de la gare, j’ai reconnu
la rue Orban. Un homme ivre sortait de la taverne Karpatia. C’était mon père.
Pas content de me voir, il m’a demandé : « Qu’est-ce que tu fais ici
? ». À ma grande surprise, je me suis entendue dire avec une voix
d’enfant : « C’est jeudi, je suis venue rencontrer Larisa à la sortie
du cours de ballet. Elle m’attend ».
Je me suis réveillée en pensant que
l’est est comme une boîte de Pandore. Quand on l’ouvre, on constate qu’il y a toutes
sortes de surprises. C’est plus effrayant qu’on ne l’aurait cru. C’est peut-être
parce qu’on a transgressé quelque chose. Une porte invisible. Sans s’en
apercevoir.
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