L’amitié, l’amour, tout le monde en a fait l’expérience. Si on tente de comprendre l’amitié, cela veut dire qu’il y a une difficulté devant la réalité, qu’on se sent coincé, qu’on a besoin de recul, d’un temps de réflexion. Parler d’amitié serait aussi prendre de la distance, respirer, se poser et poser en ordre ses idées.
L’autre jour, quelqu’un me parlait de la représentation littéraire de l’amour qui devient amitié sincère. Mais un tel renversement est-il vraisemblable ? Songer à ces sujets voudrait bien dire qu’on est en dehors, hors-sujet, et qu’on a un regard un peu de loin. Je ne sais pas en quelle mesure j’ai cette distance. Pourtant, me revient cette phrase de Proust où il parle d’amitié comme d’un faux amour. Proust est du côté de l’amour, il se méfie de l’amitié qui lui apparaît comme une forme de faux-semblant, des convenances. Deleuze est sensible aussi à cette idée et la développe dans son Proust et les signes : l’amour et l’art sont au coeur de sa lecture de la Recherche en tant que voies singulières qui font palper quelque chose de la vérité, de l’authentique en ce qu’il a de possible, de partageable. Ainsi, je me demande jusqu’où l’amour et l’amitié font bon ménage, comment l’un peut devenir l’autre, comment cela se vit.
Le Jardin du Luxembourg
Il est unique à chaque fois d’observer comment naît et se termine un amour. Sur le coup, on oublie que dans la rencontre même, il y a déjà l’ombre de la fin. Daniel Sibony l’écrit quelque part. Ces premiers moments de joie, d’extase, seront impossibles si on gardait sans cesse le sentiment de la fatalité. Et c’est bon de se laisser aller, de perdre la tête, d’ouvrir le coeur pour accueillir cet événement de croisement de l’autre sous ses multiples formes : une autre personne, un univers autre, l’autre de nous-mêmes, le revers de la linéarité de notre existence etc. Ce sont des jours où on vit, où on existe et on est simplement dans le bonheur. Vient après, comme le dit R. Enthoven dans un texte bref sur le bonheur, cet instant de la réflexion, l’appel de/à la pensée où on cherche à donner du sens au bonheur ou à sa perte . Or, c’est alors qu’on est en dehors, et à travers la pensée, on marque une coupure, on prend un appui. Le paradoxe est vrai, troublant : réaliser que la pensée naît plutôt quand on fait un pas “à l’exterieur”, quand on regarde l’amour et le bonheur comme si ce n’était pas nous, comme si ces sentiments, ces faits ne nous appartenaient plus.
Il est unique à chaque fois d’observer comment naît et se termine un amour. Sur le coup, on oublie que dans la rencontre même, il y a déjà l’ombre de la fin. Daniel Sibony l’écrit quelque part. Ces premiers moments de joie, d’extase, seront impossibles si on gardait sans cesse le sentiment de la fatalité. Et c’est bon de se laisser aller, de perdre la tête, d’ouvrir le coeur pour accueillir cet événement de croisement de l’autre sous ses multiples formes : une autre personne, un univers autre, l’autre de nous-mêmes, le revers de la linéarité de notre existence etc. Ce sont des jours où on vit, où on existe et on est simplement dans le bonheur. Vient après, comme le dit R. Enthoven dans un texte bref sur le bonheur, cet instant de la réflexion, l’appel de/à la pensée où on cherche à donner du sens au bonheur ou à sa perte . Or, c’est alors qu’on est en dehors, et à travers la pensée, on marque une coupure, on prend un appui. Le paradoxe est vrai, troublant : réaliser que la pensée naît plutôt quand on fait un pas “à l’exterieur”, quand on regarde l’amour et le bonheur comme si ce n’était pas nous, comme si ces sentiments, ces faits ne nous appartenaient plus.
Autrement, c’est assez vrai aussi : les grands bonheurs ne donnent pas toujours de grandes pensées. Peut-être donnent-ils autre chose : ils existent, ils deviennent…
Et alors, les grands amours, quel est leur devenir ?
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