23/05/2010

slow ou fast ? tendances...


Le dernier hors-série du Courrier international est attirant, intéressant par le sujet, ainsi que le format : « Slow ou fast. 100 tendances pour 2011 » se présente comme un petit livre de textes brefs avec des images drôles ou réalistes, qui posent la question : de quoi sera fait demain ? De mille nouveautés qui apparaissent chaque jour sur la surface du globe, certaines sérieuses, graves, d’autres futiles. Demain donc, nous serons plus solidaires (slow), nous ferons une pause pour briser les derniers tabous, changer de lieu, respirer, inventer des inédits… Demain enfin, le monde ira trop vite (fast) et nous serons connectés, branchés, toujours joignables, éternellement nomades.

Le Courrier international repère des tendances, reprend des articles dans la presse internationale. En voici un qui parle de livres. La Republica, à Rome, titre : « Le slow book part en guerre contre le best-seller ». Et tant mieux ! C’est d’Italie qu’était parti le mouvement “slow food” militant contre la bouffe et l’idéologie gastronomique du fast-food (l’homogénéisation), pour redonner du temps au goût et du goût au temps. C’est encore d’Italie qu’émerge le mouvement “slow book” qui part cette fois en guerre pacifique contre la culture du “best seller”. Slowbook farm est une librairie en ligne qui se donne pour mission de vendre des livres invendus, ou si peu, mais qui valent d’être sauvés.
Ainsi, Slowbook Farm entend relancer les petites et moyennes maisons d’édition de qualité. Le choix des titres mis en vente est établi par un jury de passionnés de lettres (écrivains, critiques, artistes…) qui défend un classement qualitatif, souhaitant de mettre en avant des livres n’ayant ni reçu de prix, ni vendu des millions. Le label “slow-book”, clin d’oeil aux lecteurs attentionnés, fait rêver de la lenteur, peut-être aussi du farniente des Journées de lecture de Proust…
enfant lisant

« Qui ne se souvient comme moi de ces lectures faites au temps de vacances, qu’on allait chercher successivement dans toutes celles des heures du jour qui étaient assez paisibles et assez inviolables pour pouvoir leur donner asile. Le matin, en rentrant du parc, quand tout le monde était parti faire une promenade, je me glissait dans la salle à manger, où, jusqu’à l’heure encore lointaine du déjeuner, personne n’entrait que la vieille Félicie relativement silencieuse, et où je n’aurais pour compagnons très respectueux de la lecture, que les assiettes peintes accrochées au mur, le calendrier dont la feuille de la veille avait été fraîchement arrachée, la pendule et le feu qui parlent sans demander qu’on leur réponde et dont les doux propos vides de sens ne viennent pas, comme les paroles des hommes, en substituer un différent à celui des mots que vous lisez » (Journées de lecture, Fata Morgana 2006, p. 10).
Illiers-Combray, fenêtre de la chambre où logeait Marcel Proust

L’ambiance de campagne idéalisée chez Proust, lieu de silence et de lecture paisible, semble loin de nos salons littéraires urbains, modernes, tels que les décrit The Sunday Times à Londres, où « des jeunes intellos branchés désireux d’allier la passion des livres et le goût du Martini » s’affairent à.. draguer. Cela peut être intéressant aussi, pourquoi pas ? Ces Book Club Boutiques sont, entre autres, des occasions de rendez-vous de musiciens, de romanciers et de poètes. 


Si au XIXe siècle, les salons littéraires étaient des endroits où des gens se rencontraient pour échanger des idées, pour être vus, aujourd'hui c’est pour s’afficher comme amis sur Facebook et échanger des numéros de téléphone, des e-mails. Entre slow ou fast, chacun sa tendance...

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