L’exposition de photographies Portraits d’écrivains de 1850 à nos jours qui se tient à la Maison de Victor Hugo à Paris jusqu’en février, s’ouvre sur une belle citation de Paul Valéry justifiant les occasions où « la bromure l’emporte sur l’encre ». Les photographies de cet assemblage très réussi lui donne raison, car les 200 œuvres choisies représentant près de 90 écrivains et 30 photographes donnent à voir des regards, des poses et une ambiance singulières par-delà ce que peuvent dévoiler les mots d’un roman ou d’un récit. Il ne s’agit pas ici d’une mise à nu telle que ferait la peinture, mais de photographies qui émeuvent par leur force de fixer un instant, un clin d’œil ou un mouvement. Et c’est touchant d’imaginer l’écrivain en modèle qui pose pendant une demi-heure dans un salon ou en plein air. L’écrivain est-il un modèle comme un autre ? Pendant une séance de prise de vue, l’écrivain et le photographe qu’est-ce qu’ils se disent? … Dans le catalogue de l’exposition, il est intéressant de découvrir certains aveux de photographes. Sophie Bassouls, elle, par exemple, n'oubliera jamais l'accueil chaleureux que lui réserva il y a longtemps Witold Gombrowicz, alors qu'elle débutait dans le métier et que les écrivains lui paraissaient relever d'une espèce inaccessible ; mais elle ne pardonnera jamais à Alexandre Soljenitsyne ses yeux de glace et sa méchanceté, lors du séjour qu'elle effectua dans sa propriété du Vermont.
Belle invitation à un voyage d’images et mots silencieux en compagnie de Victor Hugo, Beckett, Colette, Duras.. en quête de cet instant qui « n’a lieu qu’une fois », mais que la photographie reproduit à l’infini, comme dirait Barthes.
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