21/03/2011

21 mars


Au Collège de France, jusqu’à la fin mars, Antoine Compagnon continue son cours « 1966 : annus mirabilis ». Or, je me demande s’il est possible de penser un cours sur une journée : disons, le 21 mars. Quelle singularité donner à cette journée dans l’histoire de l’humanité et dans mon histoire propre ? Et si je devais collectionner des mots pour dire cette journée au fil des différentes années, quels seront-ils ? Pour Compagnon, l’an 1966 est unique, prodigieux pour la culture de la France du XXe siècle ; le 21 mars – sans préciser de quelle année – est plus de cinq mille fois miraculeux pour des milliers de gens sur cette planète qui, ce jour J, se souviennent naissances, anniversaires, décès, catastrophes, équinoxes, pertes, retournements.. Jusqu’à aujourd’hui, je ne savais que wikipédia réserve une entrée à 21 mars : « le 80 jour du calendrier grégorien ; généralement le premier jour du mois de germinal dans le calendrier républicain français, officiellement dénommé jour de la primevère. C’est la dernière date possible pour l’équinoxe de mars, entre le 19 et 21 mars (prochaine occurrence en 2102) ».

Or, s’il s’agit pour moi simplement de penser cette journée, ce serait d’abord l’imaginer comme jour d’anniversaire, donc le jour 1, ce jour où se renouvelle à chaque fois le 21 mars, ma naissance. Ce renouvellement, tel le réveil de la nature au printemps, me signifie aussi qu’il y a urgence à faire acte de présence, à être là pour l'accueillir, et si je peux, à retenir sa trace. Et il fait bon de s’arrêter un peu pour célébrer des souvenirs qui reviennent, des voix, visages proches et lointains, mots accrochés à des émotions, villes, rues, cadeaux, tout ce qui me lie à ma condition de femme, ce nœud d’angoisses et de rappels-appels, comme dirait Daniel Sibony, autant de questions sans réponse qui me tiennent en vie et donnent du sens à mon existence.

Le mot « anniversaire » contient quelque chose de l’ann-us mirabilis de notre naissance, et tout 21 mars ajoute de nouvelles couleurs, des nuances fraîches à la promesse qui est la vie à venir. Entre la clôture et l’ouverture d’un cycle neuf qui tourne toute une année – du 21 mars au 21 mars –, j’aime croire que l’anniversaire convie à libérer l’effervescence de la joie et de l’imaginaire pour en faire du rêve, de la beauté, du rire et de la fête. Imaginons donc.. 

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