02/03/2011

une journée réussie


Il y a le temps de « grands » projets et celui des « petits riens ». Mais, entre les deux, existe-t-il un juste milieu ? Oui, nous répond Sénèque : la journée réussie qu’il a érigée en un enjeu privilégié. « Vivre sa journée à l’image de sa vie » est la devise de sa philosophie. Encore faut-il s’accorder sur ce que c’est une journée réussie.

Je cherche, je pense ; je ne suis pas la seule à m’attacher aux petits plaisirs, à me replier sur la microjouissance plutôt que sur la grande vie que j’ai beau essayer de déchiffrer. Un projet grandiose est hasardeux, mystérieux, c’est peut-être la raison pour laquelle, on se contente délicieusement de célébrer la sensation minuscule, la joie d’un instant, au risque de tarder à s’approcher d’une « vie réussie » ou de passer notre existence à ramasser des miettes. Et pourtant, entre la tour de Babel de la vie réussie et la contrée du bon moment, une unité de temps intermédiaire existe : c’est la journée. Plus réelle que les vastes bilans, la journée est le premier pas dans un cheminement tissé d’espoir. La traverser sans faillir, tracer une ligne sans trop de zigzags entre le moment du réveil et le coucher, ne pas perdre le cap, mais rester ouvert à l’imprévu, à l’inconnu hasard, tenter de surmonter les difficultés tout en profitant de ce qui  est offert ici et maintenant, ce paquet pourrait être surprenant et amener à espérer la réussite d’une semaine ; et peut-être plus encore : oser imager une vie un peu réussie au-delà du jour le jour. À grande échelle, on pourrait dire que le cosmos fait de même : il bouge, prend du répit ou entre dans de grands mouvements d’éclipse. Ou encore, pensons à la physiologie qui brise la routine en nous inclinant au sommeil. En reliant notre corps au cosmos, on voit qu’il y a une succession, une cadence, des rituels et des repères qui ont lieu et que nous sommes censés intégrer. On dit : « c’est l’ordre de la nature ».  Autrement, la société, s’empare de la journée pour la modeler en heures de travail, de pause-café, de vacances, journal télévisé, journaux, dîner…

Et la philosophie, quel rôle en tout cela ? Je devrais peut-être ajuster : et la psy, quel art de vivre nous conduit-elle à déterrer ? Des penseurs, des psys, des écrivains nous font part des méthodes pour ne pas nous endormir mécontents et frustrés..  Moi, j’aurais envie de lire un jour comment Canadiens, premiers et modernes, ont-ils rêvé la journée idéale ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire