17/07/2011

17 Tours

Le parking du Mont Saint-Michel est noir de monde. Et au large de la mer, c’est désert, la marée basse. Les nuages vont-ils se disperser ? Il est presque midi ; des voix et des langues différentes se perdent dans le vent. Et chaque son qui résonne aux pieds du mont transforme ce jour en un jour qui ne figure pas dans le calendrier. Avec chaque pas qui me rapproche du grand portail en pierre pour monter vers l’abbaye du XIIIe siècle située sur le sommet du rocher, j’ai l’impression de déplier les feuilles du temps. J’entre dans un espace sacré où chaque niveau me dévoile l’architecture d’un autre style, autre époque ; je contemple quelque chose de la grâce céleste sur terre.

L’homme consomme sa journée en vingt-quatre heures – l’histoire de ce rocher du Mont Saint-Michel aurait commencé en 708 lorsque Aubert, évêque d’Avranches éleva sur le Mont-Tombe un sanctuaire en l’honneur de l’Archange Saint-Michel. Très vite, le mont s’est transformé en lieu de pèlerinage important. C’est peut-être en mémoire de ce pèlerinage originel et pour que sa mémoire se maintienne vivante, que des pèlerinages et des visites ne cessent jamais. Enfants, jeunes, parents et grands-parents passent par les ruelles étroites dans l’espoir de toucher la graine d’un autre temps. Certains ramassent de petites pierres, d’autres des cartes postales ou des photos. Des générations et plus d'un millénaire d'histoire se rencontrent à travers le mont, se partagent une pensée et l'étendue vaste du ciel. En descendant, j’ai entendu beaucoup se faire le vœu d’y revenir un jour, comme si le mont lui-même appelait qu'on revienne.

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Il y a des couleurs et des odeurs et une aura des villes. Ce qui distingue la ville de Saint-Malo des autres villes de la Bretagne, ce sont les remparts qui l’entourent et qui font qu’on parle de intra-muros. Marcher le long de ces murailles, c’est être ici et ailleurs, se laisser porter par le vent qui souffle l’air de mer et vous rapproche de la ligne de l’horizon, imaginer Chateaubriand sur l’île du Grand Bé où se repose sa tombe, ou Jacques Cartier qui est parti d’ici pour découvrir le nouveau monde. Ainsi Saint-Malo restera-t-elle pour moi une ville de l’entre-deux, ville terre et mer, mouvante et mouvementée comme les flots de la vie ; l’image même d’une découverte surprise dont on aurait envie qu’elle arrive plus souvent. 



Fregate à Saint-Malo ; derrière, la vieille ville, intra-muros

L'île de la grande Bé où se trouve la tombe de Chateaubriand

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