13/12/2011

au louvre

La soirée de clôture de l’exposition Le Clézio au Louvre, le 10 décembre, fut un émerveillement. J’ai assisté au troisième parcours intitulé « rumeurs du Louvre, rumeurs du monde » où Le Clézio a fait entendre des poèmes de son ami Jean Grosjean, avec lequel il avait fondé la collection « L’aube des peuples » chez Gallimard en 1990, où sont publiés les grands textes fondateurs des civilisations.

À un autre moment de la soirée, il s’agissait de parole et de chant. En parlant du musée comme d'un monde, Le Clézio se demande : « …si on n’entend plus la parole qui porte les œuvres, que ressent-on devant des couleurs, ces bas-reliefs, ces glyphes, ces corps de pierre ? » Cette parole, il faut alors la faire surgir, la réinventer, se penchant tout près de travaux, l’imaginer, la deviner. Danyèl Waro, « l’Insoumis » de la Réunion, est un des artistes auxquels Le Clézio a dédié son prix Nobel de Littérature ; conteur et chanteur, il habille l’espace du Louvre de ses mots aigus et remplis de passion, unissant dans un même élan mélodique la pensée, la parole et le geste. Sa musique n'est pas une fuite dans la transe, mais  recherche d’un message, d’un espoir que la voix tente de tracer.

Dans la salle de la Joconde, on nous propose un concert sous casques, une immersion sonore et poétique dans la langue de Le Clézio à partir de son poème en prose Vers les icebergs, inspiré de son admiration pour Henri Michaux. Ce dispositif de concert sous casques permet de véritables aventures perceptives – un inédit pour moi – une sorte de spatialisation mentale des sons, variations inattendues du grain de la voix et vertiges musicaux. Ce parcours de rencontres créatives et stimulantes avec « l’ailleurs » de l’œuvre leclézienne me donne la sensation presque palpable que l’altérité existe et que ses formes d’expression sont infinies. 



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