24/08/2012

l'inédit de marie cardinal


Je lis dans Le Devoir d’aujourd’hui que la jeune maison d’édition Annika Parance à Montréal va publier des extraits choisis tirés des onze carnets manuscrits de Marie Cardinal. Le livre va s’intituler L’inédit et sera en librairie le 28 août 2012.

Les mots pour le dire, je me souviens l’avoir lu il y a à peu près trois ans, quand j’avais entendu qu’une prof à Trent University l’enseignait dans un cours de littérature. J’aurais aimé peut-être savoir comment les étudiants l'ont perçu, qu’est-ce qu’ils ont dit ou ressenti en lisant cette histoire d’une cure psychanalytique ? Pourtant, je n’ai jamais posé la question, et voilà que maintenant, le nom de Marie Cardinal dans le journal me rappelle cet épisode.

Dans un des carnets, elle écrit : « Qu’est-ce qui compte le plus ? Les années qui s’accumulent ou les événements qu’on traverse, qui vous tombent sur la tête, certains prévus et d’autres imprévus ? C’est une question idiote, bien sûr. Tout compte. Le terne et le brillant. Mais quand même, à certains moments, la vie ne compte pas, elle n’est que du temps qui passe, elle n’est pas vive, elle est le fil de l’araignée, le chemin de la fourmi, le sommeil agité du chien. Parfois le flux s’arrête, la monotonie de la marée qui monte et qui descend à heure fixe, parfois alors que la vie est étale, survient le moment : un mot, un regard, un bruit, une lettre, un coup de téléphone, une sonnette, une porte claquée… et la mer intérieure, d’un coup, bascule dans la tempête ».   

Marie Cardinal n’est pas la seule à s’être posée ces questions, pas la seule à interroger la monotonie de la vie non plus. Je me suis demandée la même chose, plus d’une fois, peut-être pas dans ces mêmes mots, mais l’idée était proche. Ce qui me paraît assez troublant est de constater que chaque fois quand je reconnais mes pensées dans l’écriture d’une autre, c’est une sorte de fulgurance qui me traverse. Simplement. Cela me suffit pour imaginer qu’il y a un fil invisible entre moi et elle et d’autres, connus et inconnus, tout comme j’imagine parfois qu’il n’y a pas de frontière entre les morts et les vivants. Nos disparus nous rendent visite souvent. Après tout, le miracle de l’écriture, je dirais de la littérature, est d’accueillir une myriade d'imaginaires, et de nous rassurer peut-être qu’on n’est pas seul à ruminer des pensées ternes ou brillantes, folles ou extravagantes. Pour cela, je ne cesse d’être reconnaissante quand je tombe sur un éclat de texte qui me parle et que je peux entendre. 

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